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Maryline Mahieu, scénariste, script-doctor
21 janvier 2015

NOTE D'INTENTION / SYNOPSIS

 LA NOTE D'INTENTION

Producteurs et organismes financiers veulent être rassurés et demandent toujours à l'auteur/réalisateur, une note d'intention d'écriture ou de réalisation. Ils veulent cerner la ligne principale du film, évaluer si elle a un potentiel cinématographique et enfin, ils désirent comprendre la motivation profonde de l'auteur.

- Quel est le pitch ?

- Quel est le thème ?

- Pourquoi l'auteur souhaite t-il aborder ce thème ?  

- En quoi son sujet plaira au public ?

- Quelle est la mise en scène envisagée ? La direction d'acteurs ? La lumière ? Les lieux de tournage ? Les décors ?

- A quel casting a-t-il songé ? (facultatif)

- Quel type de musique envisage-t-il ?

 

Toutes ces questions font monter une grosse suée, vous savez ! Qui peut, en vérité, apporter des arguments rationnels au coup de foudre qu'il a eu pour une idée ?

Lorsque vous achetez un roman, vous lisez les dix lignes de résumé à l'arrière du livre et, si l'histoire vous parle, vous prenez le livre. Vous n'avez pas besoin de plus. Après, l'histoire collera, ou pas, au concept émotionnel que le résumé avait fait naître dans votre esprit. 

Dans l'industrie cinématograhique on demande à l'auteur et/ou réalisateur une quantité de documents en plus du scénario : pitch, synopsis de plusieurs pages, séquencier et parfois bible des personnages. Ces différents documents permettent de rassurer les investisseurs sur la solidité du projet, de trouver des partenaires et/ou de prendre une décision quant à la mise en production du film.

Par expérience, plus on demande à un auteur d'expliquer le pourquoi et comment de son histoire, plus il risque de s'embrouiller. Pire ! Il peut commencer à douter de l'efficacité de son écrit. Tout était limpide pour lui et maintenant qu'on lui demande de tout justifier, il ne sait plus s'il a fait le job. Il y a des auteurs, par contre, pour qui cet exercice est constructif. Il leur permet de préciser leur concept et d'améliorer leur scénario. Hélas, il y en a pour qui c'est tout l'inverse. Ils vont abîmer ce qui fonctionnait.

Moins on vous demande, plus vous avez affaire à des producteurs passionnés qui démarrent sur 3 lignes de résumé, pas sur la lecture d'un épais dossier. Le passionné comprend l'histoire en quelques secondes, il a immédiatement un visuel, une émotion et veut vous accompagner. Bénis soient ces producteurs qui ont une fibre plus artistique que commerciale.

Ecrire une histoire part souvent d'une impulsion. On a entendu une phrase, vu une situation, écouté une chanson, lu un article et notre imagination démarre au quart de tour, souvent de façon incontrôlable. On sent une matière arriver et on ressent le besoin pressant de la travailler. Certains pourront intellectualiser et expliquer cette impulsion, certains ne le pourront pas ou difficilement. Un concept a jailli comme une étincelle et on s'est mis au travail. Point. Pas d'explication, un fort désir, c'est tout.

Mettre de la logique dans une création artistique est une véritable épreuve pour l'artiste. L'art n'est pas l'expression d'une logique mais d'une émotion. De fait, demander à un artiste de "psychanalyser" cette émotion pour obtenir des aides financières a, pour moi, quelque chose de très dérangeant. 

Imaginez une galerie avec des tableaux de maître et à côté de chaque tableau, une note d'intention du peintre de deux pages.  N'auriez-vous pas l'impression, en la lisant, qu'elle casserait un peu la magie du tableau ? A t-on besoin d'une explication pour recevoir les émotions qui se dégagent d'une oeuvre ? Non. Eh bien c'est ce qu'on demande pour financer un film. Il faut tout expliquer. 

C'est ainsi que l'on en arrive à des notes d'intention alambiquées qui ne servent pas les projets.

Rien n'est plus difficile que de rationnaliser et d'intellectualiser une impulsion créatrice. Pensez-vous que Rimbaud aurait été capable de faire une note d'intention sur "Voyelles" ?

Je trouve absolument dommage de vouloir rendre l'art rationnel. 

Auteurs et réalisateurs doivent passer par la note d'intention pour prétendre aux aides financières. Parce que le film est devenu un produit commercial. Il faut dire qu'il coûte tellement cher que les investisseurs veulent retrouver leur mise, c'est tout à fait légitime. Ils veulent être convaincus d'avoir misé sur le bon cheval.

J'ai entendu un jour la lectrice du pôle cinéma d'une région avouer qu'il lui était arrivé de rejeter un scénario qu'elle avait aimé après avoir lu la note d'intention, je cite, "débile" de l'auteur et à contrario qu'il lui était arrivé d'accepter des scénarios très moyens juste parce que leur note d'intention était sublime. Où se trouve la logique dans une telle déclaration ?

Les auteurs, je ne cesse de le répéter, sont des artistes, pas des administratifs !

N'empêche qu'il faut savoir rédiger cette satanée note. Qu'elle soit lue avant le scénario ou après, elle doit donner envie d'aider financièrement le projet. Je pense qu'il n'y a pas de recette magique, il faut sortir les arguments du coeur pour la rédiger et essayer de convaincre votre producteur que votre histoire résonnera chez un large public.

Cette note, si l'auteur est également le réalisateur, devra être agrémentée des intentions de tournage. Comment compte t-il mettre ce sujet en scène ? Comment va t-il le filmer ? Quelle lumière choisira t-il ? Quel type de musique accompagnera le film ? Etc. Cette note est souvent éprouvante à rédiger.

 


 LE SYNOPSIS

Le synopsis est un résumé de quelques pages. Le nombre de pages dépend des productions. Certaines se contentent de 2 pages, d'autres en veulent 10.

Le synopsis présente les personnages principaux et les enjeux du scénario. Il synthésise le début, le milieu et le dénouement de l'histoire. Il doit être limpide et soulever l'intérêt de la première à la dernière ligne. Et surtout éviter les détails du style "il porte un pull bleu tricoté maison". Soyez synthétique, ne vous perdez pas dans les détails, allez toujours à l'essentiel.

Certains synopsis attisent la curiosité mais quand on lit le traitement dialogué on a l'impression de lire une autre histoire, pas celle qui était résumée dans le synopsis.

A cela, de mon point de vue, deux explications :

1) L'auteur n'a pas développé l'histoire qu'il croyait développer. Cela arrive !

2) L'auteur a mis l'accent, dans le synopsis, sur une facette de l'histoire mais le gros du scénario porte sur un autre angle narratif.

Prenons un exemple :

Le pitch d'une histoire est le suivant : "Une femme sombre peu à peu dans la folie car elle est visitée toutes les nuits par le fantôme d'une personne assassinée dans sa maison vingt ans plus tôt".

L'histoire traite de l'héroïne principale et des circonstances étranges de l'assassinat vingt ans auparavant et du fantôme.

L'auteur décide de développer le synopsis autour du fantôme alors que le développement porte essentiellement sur l'héroïne qui devient folle.

Le lecteur va donc commencer la lecture du scénario avec l'idée du revenant en tête (puisque présenté dans synopsis). Il est déconcerté car l'histoire qu'on lui sert porte essentiellement sur la vie de l'héroîne qui devient folle.

En d'autres termes, le scénario que ce lecteur découvre n'est pas l'histoire qu'il avait commencé à imaginer au travers du synopsis. Cette situation va le frustrer et cela nuira à l'auteur.

C'est un peu comme si vous voyiez une enseigne de restaurant "cuisine maison traditionnelle" et qu'une fois installé, on vous apporte la carte d'un snack-bar. Vous seriez contrarié. C'est pareil avec un scénario. 

Si vous alléchez avec un sujet, il faut sustenter le lecteur avec ce sujet et ne pas digresser.

Je reconnais que c'est un exercice très difficile à faire. Tout l'art du synopsis est de choisir le bon angle de narration : celui qui sera développé dans le scénario dialogué.

 

Je peux relire vos notes d'intention et/ou synopsis et vous conseiller sur la base d'un forfait journée ou 1/2 journée.

 


 


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